Le Rhinocéros blanc (Ceratotherium simum) est la seule espèce du genre Ceratotherium, l'un des quatre genres de rhinocéros. Les rhinocéros blancs sont en fait de couleur grise, un peu plus claire seulement que celle des rhinocéros noirs, mais leur nom est dû à une erreur curieuse. Au XVIIe siècle, les premiers colons néerlandais arrivés en Afrique du Sud ont appelé cet animal wijde, soit dans leur langue « large », faisant allusion à leur lèvre, droite et large, assez différente de la lèvre en bec de l'autre rhinocéros africain. Les Britanniques, qui se sont établis au Cap à partir de 1806, ont cru par erreur qu’ils disaient white (blanc), mot anglais dont la prononciation est proche. Il est piquant de constater que l’erreur a été reprise par les néerlandais et les Afrikaners. Les néerlandais parlent de rhinocéros blanc (witte neushoorn) et les Afrikaners parlent de witrenoster.
DESCRIPTION:
En fait, rhinocéros blanc et rhinocéros noir présentent la même coloration grise. La longueur du rhinocéros blanc (hors queue) peut aller jusqu'à 4 m, sa hauteur au garrot est d'environ 1,90 m et son poids va de 2 jusqu'à 3 tonnes, ce qui en fait la plus grande de toutes les espèces de rhinocéros. Il se distingue du rhinocéros noir (Diceros bicornis) par ses grandes oreilles pointues, son museau large et raccourci et une protubérance caractéristique sur le cou. Il s'en distingue aussi par le fait qu'il broute de l'herbe, tandis que le rhinocéros noir se nourrit de feuilles et de jeunes pousses d'arbre ; ainsi les deux espèces peuvent-elles coexister au sein du même écosystème.
L'odorat est chez lui le sens le plus important ; les oreilles et les yeux jouent au contraire un rôle secondaire. Comme le rhinocéros noir, c'est à peine s'il peut reconnaître quelque chose à plus de vingt mètres.
Sa corne est la plus longue de tous les rhinocéros, elle atteint en moyenne 65 cm (exceptionnellement 1,50 m). Sa fonction principale est de déblayer les obstacles lors de la quête de nourriture.
LOCALISATION:
Le rhinocéros blanc se rencontre dans les savanes africaines sous deux sous-espèces:
Le rhinocéros blanc du Sud (Ceratotherium simum simum). Autrefois, il vivait dans une ceinture allant de l'Angola et de la Namibie au Mozambique et au KwaZulu-Natal en passant par le Zimbabwe et le Botswana. Aujourd'hui, on le rencontre dans de nombreuses réserves d'Afrique du Sud. Il y en aurait en 2005 11.320 dans la nature, et 740 en captivité (ou il se reproduit).
Un rhinocéros blanc du Nord (Ceratotherium simum cottoni) était répandu au Congo et en Ouganda jusqu'au Tchad et au Soudan. Dans l'Antiquité les Égyptiens le trouvaient encore à l'état sauvage dans la vallée du Nil. Aujourd'hui, il est probable qu'il n'en reste même pas 25 exemplaires dans le parc national de Garamba en République démocratique du Congo (ex-Zaïre). On en trouve encore au zoo de Dvur Králové en République tchèque (six individus) et au parc d'animaux sauvages de San Diego en Californie (trois individus). Malheureusement ils se reproduisent difficilement en captivité : depuis 1995 une seule naissance a eu lieu, celle d'une femelle à Dvur Králové.
COMPORTEMENT ET REPRODUCTION:
Herbivore, le rhinocéros blanc préfère les endroits où il trouve de l'herbe et des petites broussailles. La lèvre inférieure possède un bord corné qui remplace les incisives manquantes et l'aide à brouter. Généralement il est actif au crépuscule; et dort pendant la journée.
Les rhinocéros blancs n'ont pas un comportement aussi solitaire que les autres espèces de rhinocéros. Cependant, les mâles plus âgés vivent en solitaires dans un domaine de 1 à 8 km², qu'ils défendent contre les autres mâles et dont ils surveillent continuellement les limites en les marquant avec leurs déjections et leur urine ; ils frottent également leurs corps et leurs cornes contre les arbres et les grands rochers. Cependant les batailles sérieuses sont rares et ont lieu tout au plus pour se disputer les faveurs d'une femelle. Dans leur domaine d'ailleurs ils tolèrent souvent les jeunes et les femelles. L'accouplement ne se produit pas à une période déterminée de l'année mais quand les femelles ont fini d'élever leur petit, ce qui se produit tous les quatre ou cinq ans. La gestation dure à peu près dix-sept mois et la femelle met généralement bas un seul petit, rarement deux.
Les jeunes se réunissent en groupes provisoires et se déplacent parfois avec les femelles, si elles n'ont pas encore de petits, mais normalement ces dernières en ont un avec elles. La gestation dure 16 mois, ensuite naît un petit, dépourvu de cornes, d'environ 40 kg, qui se déplace toujours devant la mère. Bien que dès deux mois il puisse commencer à brouter, elle l'allaite pendant environ un an puis le chasse à la naissance d'un nouveau. À cinq ans, les rhinocéros blancs atteignent leur maturité sexuelle ; c'est à cet âge que les femelles commencent à s'accoupler, mais c'est seulement à plus de dix ans que les jeunes mâles sont devenus assez forts pour s'imposer contre les mâles plus âgés et conquérir à leur tour des femelles.
LES HOMMES ET LES RINOCEROS BLANCS:
Comme le rhinocéros blanc est moins agressif que le rhinocéros noir, on peut s'approcher de lui jusqu'à 10 m sans qu'il attaque. C'est pourquoi il est assez facile à chasser.
En 1893 on croyait l'espèce du Sud exterminée avant qu'on trouvât dans le Natal une petite population résiduelle de 10 à 20 animaux (20 en 1885 d'après l'IUCN). Tous les rhinocéros blancs actuels en descendent. Depuis lors, la population de la réserve d'Hluhluwe-Umfolozi Game s'est accrue régulièrement, passant de 1 000 têtes en 1970 à 2 000 en 1980, à 4 000 en 1990 pour atteindre en 2001 le chiffre de 11 000. Aussi l'IUCN a-t-elle rangé maintenant les rhinocéros blancs du Sud parmi les espèces presque sauvées. 95 % de tous les rhinocéros blancs vivant en liberté se trouvent sur le territoire de l'Afrique du Sud ; par ailleurs, un groupe a été introduit au Kenya, où il n'y avait jamais eu aucun rhinocéros blanc.
C'est en 1903 que, pour la première fois, on a décrit scientifiquement un rhinocéros blanc du Nord. Ils étaient alors encore nombreux. Les braconniers ont réussi en quelques décennies à exterminer partout cette population, sauf dans le Parc national de Garamba où en 1963 mille individus vivaient encore, sévèrement protégés. Malheureusement à cette époque la demande de cornes a fortement augmenté à cause des prétendues vertus médicinales que lui attribuait la médecine chinoise traditionnelle (TCM) et à la vogue des poignards en corne de rhinocéros dans les classes supérieures du Yémen, comme marque de standing et symbole de virilité. Comme les acheteurs d'Extrême-Orient et du Yémen étaient prêts à payer des sommes folles pour les cornes exportées en fraude, le braconnage est devenu une activité lucrative malgré le risque d'être condamné. La stabilité politique relative de l'Afrique du Sud a permis que les rhinocéros blancs fussent protégés efficacement contre le braconnage, mais le Zaïre (par la suite République démocratique du Congo) ne pouvait rien faire d'efficace. La guerre civile qui depuis 1997 y fait rage rendait presque impossible les mesures de protection. Un comptage en 2002 n'a plus trouvé que 27 rhinocéros blancs dans la réserve de Garamba. D'après les indications de l'IUCN, le domaine n'est plus menacé actuellement (2004) par la guerre civile et les garde-chasse peuvent de nouveau agir contre les braconniers ; mais comme cette situation peut changer d'un instant à l'autre, cette sous-espèce est considérée comme en grand danger (critically endangered) et se trouve au bord de l'extinction.
Comme le rhinocéros blanc du Nord est menacé par la réduction de son habitat et le braconnage, et depuis peu par la rébellion janjaweed au Darfour, des défenseurs de l'environnement ont proposé en janvier 2005 d'amener par pont aérien au Kenya les rhinocéros blancs qui restent à Garamba. Malgré l'approbation officielle obtenue d'abord, on a voulu y voir une ingérence étrangère au Congo, ce qui a repoussé l'opération jusqu'au début de 2006.
Le rhinocéros blanc est classé par la CITES en annexe I (protection maximale), sauf les populations d'Afrique du Sud et du Swaziland, qui sont classées en annexe II.