![LA TORTUE LUTH Images13td4](https://2img.net/r/ihimizer/img253/7948/images13td4.jpg)
La tortue luth (Dermochelys coriacea) est la plus grande des sept espèces actuelles de tortues marines et de tortues en général.
Elle ne possède pas de véritable carapace, mais son dos est protégé par une cuirasse de peau épaisse et carénée. C'est le seul représentant contemporain du groupe des Dermochelyoidae, le clade des tortues à dos cuirassé, connu aussi par diverses espèces fossiles, dont certaines géantes comme l'archelon.
La tortue luth fréquente tous les océans de la planète, mais sa survie est gravement menacée par le braconnage, les filets de pêche, la pollution et l'urbanisation du littoral. Elle figure sur la liste de l'UICN des espèces en voie de disparition et fait l'objet de conventions et de programmes internationaux de protection et de conservation
MORPHOLOGIE:
Le trait le plus remarquable est l’absence visible de carapace dure comme chez la plupart des autres tortues. Chez la tortue luth, la structure osseuse de la carapace est réduite à de petits osselets en forme d'étoiles imbriquées, insérées dans un tissu conjonctif et cartilagineux épais. Les plus gros de ces osselets sont tuberculés et disposés en lignes. Ces lignes, visibles sous la peau, forment des crêtes ondulées appelées carènes qui filent de la tête vers la queue de l'animal lui donnant un aspect profilé comme les carènes de la coque d'un bateau. Le dos de l’animal présente sept carènes : celle du milieu est la « carène vertébrale », les six autres sont les « carènes latérales ». Sur le ventre, le plastron ne possède que trois carènes peu marquées.
Cette carapace profondément transformée n’est pas attachée, fait unique chez les espèces de tortues encore vivantes, à la colonne vertébrale et aux côtes mais en est séparée par une couche adipeuse. Du côté externe elle est complètement dépourvue de toute couverture d’écailles. La protection du dos est en revanche assurée par un épaississement marqué de la peau, qui forme ainsi une pseudo-carapace lisse ayant l'aspect du cuir.
La dossière de la tortue luth peut peser jusqu'à 500 kilogrammes et mesurer jusqu'à 1 mètre 80)
Comme les autres tortues marines, la tortue luth est incapable de se replier à l'intérieur de sa carapace.
Mais c'est aussi une tortue unique par bien des aspects :
Ses nageoires (ou rames) sont dépourvues de griffes ; ses nageoires antérieures sont en outre très longues en comparaison de celles des autres tortues de mer.
La tête est très grande, ce qui contraste avec un museau peu développé. Sur le bec supérieur, on peut observer une pointe médiane très marquée entourée de deux grandes encoches. L'intérieur de la bouche est occupé par une multitude de cônes, utilisés aussi bien pour l'oxygénation que l'alimentation.
Un large cou relie la tête aux épaules.
La queue est de forme conique ; elle est rehaussée par une base épaisse et possède parfois un pli qui prolonge la carène vertébrale de la carapace.
PERFORMANCES:
Une tortue luth peut a priori vivre plus de 50 ans.
La tortue luth est une excellente plongeuse puisque des scientifiques ont relevé plusieurs observations de tortues luth jusqu'à 1300 mètres de profondeur pour des plongées de 4938 secondes (soit plus de 80 min).
Adulte, elle mesure jusqu'à 2 mètres de long pour un poids variant de 450 kilogrammes à un record observé de 950 kilogrammes. Elle est ainsi la plus grande et la plus lourde des tortues vivantes. Elle fut cependant surpassée par des espèces anciennes, connues à l'état de fossiles, notamment l'archelon (Archelon ischyros). Elle est cependant moins longue et moins lourde que le crocodile marin (Crocodylus porosus).
COULEUR:
La couleur de la peau de l'animal est d'un bleu très foncé. Elle est brillante et lisse, ce qui lui donne l'aspect du cuir. Les carènes de la dossière sont soulignées par un éclaircissement de la peau. Tout son corps est parsemé de petits points blanchâtres. Le crâne de l'animal présente une tache, de couleur blanche à rosée, correspondant à un chanfrein. Cette tache a une configuration unique pour chacune des tortues luth, et les scientifiques pensent qu'elle pourrait servir à détecter la lumière ou se repérer dans l'espact. Le plastron est rosé et plutôt sombre. La carène de la queue, quand elle existe, est également blanchâtre.
RESISTANCE AU FROID:
Avec un rythme métabolique trois fois supérieur à un reptile de cette dimension et l'isolation fournie par son corps massif et gras, la tortue luth peut supporter des eaux froides. La température de son corps peut dépasser de 18°C celle de l'eau où elle évolue. Ses nageoires l'aident également à conserver la chaleur. Elles fonctionnent comme des échangeurs de chaleur à contre-courant, c'est-à-dire que les artères chaudes réchauffent les veines froides. Allié à sa carapace résistante à de fortes pressions, cela lui permet de plonger à plus de 1 200 mètres de profondeur, ce qui en fait le reptile pouvant plonger le plus profondément. Selon certaines théories, sa pseudo-carapace pourrait créer sa propre chaleur. Mais cette hypothèse est discutée, du fait que les reptiles, animaux à sang froid, sont censés être poïkilothermes.
repartition.
La tortue luth est observable dans tous les océans du monde, sous des latitudes observées à plus de 60° au nord c'est-à-dire jusqu'au cercle polaire arctique. Des études précises sont effectuées pour connaître précisément leurs migrations.
Comme la plupart des tortues marines, elle ne s'aventure sur la terre ferme que pour pondre.
De nombreux lieux de ponte autrefois fréquentés par les tortues luth ne le sont presque plus ou plus du tout, comme la Sicile, la Turquie, la Libye ou Israël.
Si la morphologie ou les couleurs des tortues luth ne permet pas de les différencier selon leurs groupes régionaux, des analyses ADN marquent des différences entre celles du Pacifique-ouest, du Pacifique-est et de l'Atlantique.
ethologie/
Les modes de vie de la tortue luth sont mal connus par les scientifiques, en raison des difficultés d'observation de l'animal en pleine mer, dans les profondeurs. Par exemple, ni sa durée de vie ni le temps qu’il lui faut pour atteindre la maturité sexuelle ne sont connus à l'heure actuelle.
MIGRATION ET ALIMENTATION:
Cette espèce parcourt plusieurs milliers de kilomètres lors de ses voyages transocéaniques pour rejoindre ses aires d'alimentation en méduses. Elles progressent en s'orientant à l'aide du champ magnétique terrestre. Elles quittent chaque année les eaux tropicales pour les eaux polaires en suivant le Gulf Stream. La tortue luth peut rester jusqu'à quatre-vingt minutes en plongée, en partie grâce à l'extraction de l'oxygène de l'eau à l'aide de longues papilles situées dans sa gorge et à la récupération d'oxygène dissous dans certains de ses tissus .
La méduse constitue la majeure partie de l'alimentation de la tortue luth, mais elle peut également se nourrir de salpes, de poissons, de crustacés, de calmars, d'oursins et même de certains végétaux, dont des algues (surtout consommées par les jeunes spécimens). Elle peut consommer quotidiennement une quantité de méduses égale à son propre poids, soit jusqu’à 50 individus de grande méduse Rhizostoma pulmo. La tortue luth a donc un rôle crucial dans l'équilibre écologique mais aussi économique du fait de son alimentation. En effet, en consommant des méduses, elle réduit leur nombre et ces dernières consomment donc moins de poisson, ce qui laisse de nouvelles opportunités pour les pêcheurs. Elle aurait une influence positive sur les populations de poissons, les méduses étant d'importants prédateurs d'alevins.
Les tortues n'ayant pas de dents et les méduses étant difficiles à déchiqueter, les scientifiques se sont demandé comment les tortues luth pouvaient s'alimenter avec ces animaux. On a découvert que l'œsophage de la tortue luth, tapissé d'épines, avait pour fonction le dépeçage des proies.
Plusieurs études de suivi par satellite pour connaitre leur migration ont été effectuées notamment par le CNRS et l'Institut polaire français - Paul Émile Victor qui ont équipé des tortues luth de balises Argos.
REPRODUCTION:
Comme les tortues luth ne s'approchent des côtes que pour pondre et préfèrent les grands fonds, elles sont qualifiées de pélagiques.
La maturité sexuelle de l'animal n'est pas bien définie, mais selon certains scientifiques elle pourrait être atteinte vers l'âge de 6 ans; pour d'autres, elle se situe entre 10 et 12 ans. Les jeunes spécimens sont très difficilement observables et aucun élevage en captivité n'a pu être réussi. En effet, en aquarium les tortues luth se heurtent sans cesse contre les parois ne pouvant nager à reculons[2]. De plus les mâles ne retournent jamais sur leur lieu de naissance ce qui empêche un décompte de leur population. L'accouplement est également très délicat à observer, aucun scientifique n'en a eu l'occasion, on ignore même où il a lieu dans la majorité des cas. Il est admis, à partir de différents témoignages, que le mâle s'accroche au dos de la femelle avec ses nageoires souples. En cas d'alerte, l'accouplement s'arrête et les tortues se séparent, ce qui expliquerait aussi, en partie, les difficultés d'observation précédemment relevées.
Une seule fécondation pourrait suffire à 4 à 10 pontes. Le record observé par des scientifiques est de 17 pontes. Elles sont toujours espacées de 10 à 15 jours. Elles se déroulent de mars à juillet dans l'océan Atlantique et de septembre à mars dans l'océan Pacifique. Elles ont souvent lieu sur les plages, à marée haute, de nuit. La plage des Hattes (Awala-Yalimapo en Guyane française) est considérée comme la première plage de ponte au monde[3]. La nidification se déroule en 7 phases :
L'ascension : la femelle rejoint le haut de la plage, à la lisière de la végétation, en 10 minutes environ.
Le balayage : elle déblaie le sable avec ses pattes pendant un quart d'heure.
Le creusement : elle creuse un trou jusqu'à 80 centimètres de profondeur avec ses pattes arrière ; l'opération prend environ 25 minutes.
La ponte : cette étape est accompagnée de respirations rauques et s'effectue par salves ; elle dure une vingtaine de minutes ; la présence de l'homme ne peut plus la perturber ; les yeux de l'animal sécrètent une substance gélatineuse, a priori, pour évacuer le sel accumulé par son organisme à cause de son mode d'alimentation.
Le rebouchage : les pattes postérieures ramènent le sable sur les œufs et les nageoires postérieures le tassent pendant une petite dizaine de minutes.
Le camouflage : pendant 20 minutes, la tortue pivote sur elle-même pour cacher les traces de son passage.
Le retour à l'eau : tantôt direct, tantôt indirect, la tortue luth peut effectuer des boucles avant son départ.
Une tortue luth peut pondre plus de 1 000 œufs en une année. Ils sont de couleur blanche, mesurent environ 50 millimètres de diamètre et possèdent une membrane souple. Ils sont accompagnés d'œufs stériles sans jaune, de diamètre inférieur aux œufs viables. Les scientifiques ne s'accordent pas à comprendre leur utilité dans le nid même s'ils représentent presque la moitié de la ponte.
L'incubation varie de 60 à 70 jours et a lieu à plus de 26°C. En dessous de cette température, les œufs ne se développent pas. La détermination sexuelle dépend de la chaleur du nid. Entre 26 et 30°C, c'est l'incubation classique, produisant un mélange de mâles et femelles. Au-dessus de 30°C, les tortues ne seront que des femelles.
À l'éclosion, le spécimen mesure de 7 à 8 centimètres de longueur. Il possède des nageoires antérieures surdimensionnées. Il est alors une proie facile pour de nombreux prédateurs. Le premier instinct de la tortue luth est de se diriger vers le point le plus brillant à l'horizon : la mer (qui reflète les rayons solaires), où de nouveaux dangers l'attendent et où les scientifiques perdent sa trace.